Evolutions dans le marché de la musique (I) : DRM vs imagination

Il est indéniable que la façon de consommer des contenus multimédia a beaucoup évolué ces dernières années. Une évolution liée à la technologie : là où avant il n’y avait que des chaînes hi-fi pour les CDs et des baladeurs et auto-radios pour les cassettes, on a aujourd’hui des ordinateurs, des lecteurs MP3, des iPods, des autoradios avec prise USB, des chaînes hi-fi avec borne wifi pour se connecter à l’ordinateur… Mais surtout une évolution liée à un changement de mentalité, le public est de moins en moins prêt à dépenser de l’argent pour des CDs qui deviennent de plus en plus chers (une vingtaine d’euros en moyenne pour une nouveauté, ça fait cher) et qui offre de moins en moins de valeur perçue (mais je parlerai de cela dans un prochain billet).

Face à ce constat, il y a deux positions. L’une, la position dominante jusqu’à il n’y a pas si longtemps dans les majors du disque : jeter la faute sur le piratage, internet et les nouvelles technologies, et essayer de contrôler l’utilisation qu’on fait de leurs produits en les chargeant de mesures de protection qui empêchent toute utilisation non conforme aux attentes des producteurs : les DRM (dont j’ai pas mal parlé ces derniers temps).

C’est une stratégie vouée à l’échec, dans une situation de marché on ne peut pas se permettre de brider la liberté des acheteurs pour utiliser le contenu pour lesquels ils ont payé, de les insulter (les messages anti-piratage dans les CD ou les pubs forcés au début de la reproduction des DVDs deviennent de plus en plus agressifs, sans parler des appels à la délation dans la salle de cinéma) et en plus se plaindre si les gens achètent moins. On ne peut pas prétendre vendre deux fois la même chanson, une en CD classique pour la chaîne hi-fi et une en WMF pour le baladeur portable. On ne peut plus vouloir vendre un CD avec 13 chansons lorsque le client est seulement intéressé dans deux d’entre elles. Dans une situation de libre marché, ce n’est pas le vendeur qui a le contrôle, c’est le marché. Et le marché, les clients, nous tous, on accepte de moins en moins ces pratiques abusives.

Heureusement il y a certains personnes qui commencent à voir plus loin, qui commencent à envisager des nouveaux modes de distribuer la musique et faire de l’argent en respectant les droits et les envies des acheteurs. Je ne vais pas parler de l’accord EMI – Apple pour vendre sur iTunes de la musique sans DRM, car malgré son importance, plein de monde en a déjà parlé. Je préfère me centrer sur des exemples moins médiatisés mais aussi plus originaux, afin de vous donner un aperçu des modèles de distribution qui pourraient devenir courants dans quelque temps.

Le premier exemple est la dernière tourné de Prince, Earth Tour 2007. Finis les macro-concerts dans des gros stades, la tournée se déroule dans des salles moyennes et petites, dans un cadre intimiste et exclusif, et avec les entrées on donne le dernier CD de l’artiste. Le CD devient un objet fétichiste, un souvenir d’un moment inoubliable, comme avant l’entrée du concert ou l’affiche autographié. Le morceau de plastique qui pour la plupart d’entre nous ne sert plus qu’à être mis dans l’ordinateur pour extraire les chansons et qui après reste des années au fond d’un tiroir devient un objet de culte, un souvenir sonore. En combinant tout ça avec des produits dérivés de toutes sortes, des accords avec des fournisseurs de téléphonie mobile, et une stratégie marketing qui déborde d’originalité, Prince montre qu’on peut gagner de l’argent avec la musique d’une façon différente tout en respectant au public. Pas mal, non?

Il y a deux autres exemples dont je voulais parler, mais ce billet devient déjà assez long, je vais laisser donc ça pour un autre jour.

Note : ce billet a été inspiré par des articles dans les blogs d’Enrique Dans (C’est dans un de ces articles que j’ai appris l’initiative de Prince) et de David Bravo. Si vous comprenez l’espagnol, je vous recommande chaleureusement de les ajouter à votre agrégateur de RSS.

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3 commentaires à “Evolutions dans le marché de la musique (I) : DRM vs imagination”

  1. jb Says:

    Le problème c’est que Prince est deja immensement riche … Il peut donc se le permettre

  2. Akael Says:

    Yuki vaincra, gloire au yukiisme !*

    J’ai bien aimé le captcha pour valider commentaire, j’ai eu droit à La Grande Question sur la Vie, l’Univers et le Reste !

  3. LostInBrittany Says:

    JB, l’argument tient pour Prince… mais dans le prochain billet je parlerai d’autres artistes beaucoup moins riches qui utilisent des modèles semblables.

    Akael : 42, toujours 42 !

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