Elections en Espagne :
le Débat (I)

Comme je vous disais hier, je vais faire quelques billets sur l’actualité politique espagnole, marquée par les élections législatives du 9 mars.

Le débat

La campagne électorale est démarrée la semaine dernière, et lundi soir il y a eu le premier grand moment de la campagne, un débat face à face entre les deux principaux candidats. Les deux leaders se sont donc mis d’accord pour faire un deuxième débat le 3 mars.

Dans la vie politique espagnole, ces débats sont assez exceptionnels, car il n’y a pas une tradition de débats publiques entre les candidats, comme c’est le cas en France. En Espagne il y a un seul précédent, le débat célébré en 1993 entre Felipe González et José Maria Aznar.

L’existence même de ce débat a été très critiqué par tous les partis minoritaires, car il considèrent que c’est réducteur, donnant une vision bi-partidiste qui ils considèrent anti-démocratique.

Les protagonistes

Je vais commencer par essayer de dresser un portrait rapide des deux leaders qui s’affrontent dans cette campagne, l’actuel président, le socialiste José Luis Rodríguez Zapatero et son rival, le chef de l’opposition, Mariano Rajoy.

Le débat
Image TV

José Luis Rodríguez Zapatero

José Luis Rodríguez Zapatero

L’actuel Président du Gouvernement espagnol est aussi le Secrétaire Général du PSOE (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol).

Lorsqu’on parle de lui, autant ses sympathisants que ses détracteurs ont tendance à l’appeler simplement par son deuxième nom de famille, Zapatero, ou même “ZP” (sigles qu’à l’origine voulaient dire “Zapatero Président”, mais qui sont devenu un acronyme de son deuxième nom de famille.

Après l’échec dans les législatives de 2000, le PSOE avait besoin de réformes. Rodríguez Zapatero s’est présenté à la direction du parti. Il était le candidat outsider, il était inexpérimenté et il n’appartenait pas à la vielle garde. A la fin il a été nommé Secrétaire Général par une poignée de voix.

Après quatre années dans l’opposition, où il a fait preuve d’un style politique très personnel, qu’il appelait “l’opposition tranquille”. Ce style, autant admiré par ses sympathisants que critiqué par ses détracteurs, s’est considérablement durci en 2003, avec le soutien du gouvernement d’Aznar à la guerre en Iraq.

Il est devenu Président du Gouvernement en 2004 après une campagne électorale tragiquement marquée par les attentats du 11-M à Madrid, dont l’influence dans le résultat des élections reste indéniable mais difficile à quantifier.

Sur les 4 années de son mandat, pour essayer de garder une certaine objectivité, je vais me limiter à citer la Wikipedia :

Les deux premières années du gouvernement Zapatero ont été marquées par le retrait des troupes espagnoles d’Irak, la légalisation du mariage homosexuel avec droit à l’adoption, une nouvelle régularisation massive d’immigrés clandestins, la réduction dans les écoles du poids de la religion, l’offre d’un dialogue visant à en finir avec le terrorisme basque de l’ETA, une « Alliance des civilisations » avec le monde musulman, l’appui au néonationalisme catalan dans un projet fédéraliste de refonte des autonomies régionales et la création d’une commission interministérielle pour élaborer, par respect à la « mémoire historique », un projet de loi rendant justice aux victimes du franquisme (ouverture de fosses communes de la Guerre civile, révision des procès de républicains condamnés, indemnisation des familles de fusillés, blessés et emprisonnés).

Par une politique de dialogues et de concertation, José Luis Rodríguez Zapatero et son actuel ministre de l’Intérieur Alfredo Pérez Rubalcaba obtiennent le 26 mars 2006 une trève des attentats de l’ETA, interprétée comme le premier pas vers l’obtention de la paix dans le Pays-Basque. Ce processus, qualifié de “long, dur et difficile” par Zapatero, reste encore marqué par des actions d’extorsion du groupe terroriste contre quelques chefs d’entreprise en Euskadi et surtout en Navarre. Le 30 décembre 2006, ETA commet un attentat contre l’aéroport de Madrid à Barajas. Deux Équatoriens meurent dans l’explosion. Le ministre de l’Intérieur Alfredo Pérez Rubalcaba déclare le processus rompu. Le Parti populaire accuse à plusieurs reprises le gouvernement de maintenir des contacts avec la bande armée.

Mariano Rajoy

Mariano Rajoy

Mariano Rajoy est le Sécretaire Général du PP (Parti Populaire), qui serait l’équivalent de l’UMP en France (d’ailleurs tous les deux sont partie du Parti Populaire Européen).

En 1989, lors de l’élection de José María Aznar comme candidat du PP à la Présidence du Gouvernement, Mariano Rajoy est nommé membre de l’exécutive nationale et vice-secrétaire du parti.

Après un échec dans les législatives de 1993, le Parti Populaire remporte les élections en 1996, et Aznar devient Président du Gouvernement. Rajoy devient donc Ministre des Administrations Publique et ensuite il tourne dans plusieurs ministères jusqu’à 2003 (Ministre de la Culture, Vice-Président, Ministre de l’Intérieur, Porte-parole du Gouvernement, Ministre d ela Présidence).

En 2003, lorsque Aznar annonce qu’il ne se représentera plus, Mariano Rajoy devient le candidat du PP à la Présidence du Gouvernement. Il perd les élections face à Rodríguez Zapatero dans les conditions dont je vous ai déjà parlé.

Depuis, devenu chef de l’opposition, Mariano Rajoy mène une politique très critique contre le gouvernement, en lui reprochant, entre autres, ses positions sur l’émigration, la relation avec les États Unis ou les unions homosexuelles. Mais ses deux axes principaux de lutte contre l’exécutive de Zapatero sont la reforme du statut de la Catalogne, qui est perçue par le PP comme un démantèlement de l’unité nationale, et les négociations avec l’ETA.

Ne oublions pas l’hôte

Manuel Campo Vidal

Le maître de cérémonies du débat de hier soir est Manuel Campo Vidal, l’un des journalistes le plus respecté du panorama audiovisuel espagnol.

Il a une longue tradition dans les débats des candidats aux législatives. En 1993 il a modéré le premier débat face à face de l’histoire de la télévision en Espagne, entre Felipe González et José Maria Aznar.

Conclusion

Voici donc pour cette présentation du contexte du débat et des candidats. Dans un prochain billet j’essayerai de résumer les points clés de cette lutte dialectique entre ces deux hommes qui se connaissent et se détestent depuis longtemps.

En attendant, donnez-moi un peu de feedback, s’il vous plaît. Ca vous intéresse ? Ca vous ennuie ? Ca vous laisse complètement indifférents ? Et sur mes petites caricatures, vous pensez quoi ? :wink_ee:

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6 commentaires à “Elections en Espagne :
le Débat (I)”

  1. One Eye Pied Says:

    C’est très intéressant : on ne connais pas assez bien la politique de nos voisins en France…

  2. People Says:

    Explication claire.

    Lors du dénat, Rajoy s’est montré très incisif, à la limite de la démagogie. Son principal argument est la hausse actuel des prix en Espagne, qu’il essaye d’imputer au gouvernement ZP.

    ZP, lui, a su garder son sang froid et défendre son bilan tout en renvoyant Rajoy au bilan d’Aznar, qui était aussi le sien.

    Difficile de dégager un gagnant. Bien que favorable à ZP, je dois dire que Rajoy ne s’est pas mal débrouillé. Il avait cependant, en tant qu’opposant, un rôle plus facile.

    Un second débat doit suivre dans une semaine.

  3. everland Says:

    Je n’ai évidemment pas suivi ce débat mais j’ai lu un peu partout dans la presse que Zapatero sortait grand gagnant de ce premier round, au moins pour les médias.

    Sinon les espagnols ont de la chance, comme les français, d’avoir un chef d’état au physique aussi simple à caricaturer.

  4. LostInBrittany Says:

    Je répondrais après aux commentaires (je suis un peu pressé maintenant), je voulais seulement rebondir sur le fait que les fameux sourcils de Zapatero et ses yeux intensément bleus facilitent la tâche grandement des caricaturistes.

    D’ailleurs, même en France on a remarqué ses sourcils en forme de V inversé :
    L’Espagne a les yeux rivés sur les sourcils de Zapatero

  5. carmen Says:

    Il me semble un peu court de comparer le pp espagnol à l’ump français. N’ayons pas la mémoire si courte et ne perdons pas de vue que le pp descent en droite ligne du mouvement franquiste, l’un de ses ténors Manuel Fraga ayant d’ailleurs éte ministre de Franco. En tant que petite fille de républicain espagnol assassiné par les fascistes je me réjouis de la défaite de l’obscurentisme et de la démagogie populiste, même si je regrette la bipolarisation du débat d’idées en Espagne comme ailleurs.
    Sinon je trouve tes petits bonshommes très sympas, très reconnaissables

  6. Une affaire de nez | LostInBrittany - Le blog d'Horacio Gonzalez Says:

    […] commencé par quelque chose de simple, que j’avais déjà fait dans mes dessins de la campagne électorale espagnole : ajouter des […]

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