Billets avec l'étiquette ‘École’

Grève des écoles, encore une fois

15-05-2008 par Horacio Gonzalez

Si vous suivez mon blog, vous savez que, en tant que papa seul, l’école et son organisation est un sujet qui me tient à cœur, et sur lequel j’ai tendance à avoir des opinions assez tranchées.

Aujourd’hui je suis à la maison, en RTT forcé par cause de grève dans l’école de ma fille. Mais, à différence d’autres fois, aujourd’hui je ne me sens otage des grévistes, mais plutôt solidaire avec eux.

LiB et l'école

Quelle est la différence cette fois ? Il y en a plusieurs :

La première, c’est la forme, cette fois dans le cahier de liaison de ma fille il y avait une feuille A4 qui expliquait pourquoi les enseignants allaient faire grève aujourd’hui, et en plus pas façon tracte syndicale, mais avec des faits concrets. Cela change des fois précédentes, où une petite feuille A5 signalait que l’école serait fermé par cause de grève. Comme quoi, les formes sont importantes…

La deuxième, c’est le fond. Ou plus concrètement, le coup de ciseaux qui l’administration à décrété au nom du rigueur budgétaire, dont la mesure phare est cette réduction de 11 000 postes récemment annoncée. Je comprend toute à fait que les circonstances démographiques puissent conseiller à court terme de dégraisser le mammouth (quoi que c’est discutable1) mais en pratique ça se fait un peu n’importe comment.

Je vais me faire accuser encore une fois de faire un généralité à partir de mon expérience particulière, mais cela est un des bons côtés d’un blog, pouvoir donner son avis personnel selon son expérience particulière. L’école de ma fille est une typique école de quartier à Brest. En tout, un peu plus 200 élèves, de la petite section de maternelle au CM2. Le nombre d’élèves reste plus ou moins constant ou en lègère augmentation depuis quelques années. Bien, l’année prochaine, si tout se passe comme prévu, cette école risque de perdre quatre postes : un poste de aide éducatrice qui est carrément supprimé, et trois postes dont le contrat finit le 6 juillet et qui à priori ne seront plus reconduits, une ASEH (assistante scolaire d’enfant handicapé) et deux EVS (emploi de vie scolaire), l’un en maternelle, l’autre en élémentaire. Ca fait quand même beaucoup pour une école.

Malgré tous ses défauts, l’école publique française reste l’un des meilleures d’Europe, et cella est beaucoup. Les mesures budgétaires de l’administration Sarkozy, avec ses coupures sauvages, ne s’attaquent pas aux problèmes de l’école, elles se limitent décréter des fermetures et des suppressions de postes avec l’espoir de faire quelques économies. Et ce sont nous enfants qui feront les frais. C’est pourquoi cette fois, et sans que cela fasse un précédent, je soutiens cette grève des enseignants.

1 : J’ai du mal à voir une vraie logique à long terme dans les propos qui disent qui à cause des conditions démographiques qui font que dans les cinq prochains années il y aura moins d’élèves au collège il faut réduire les effectifs, lorsqu’on sait bien que la tendance démographique s’est inversé depuis 2000, et que dans moins des dix ans on sera dans une situation où il y aura plus d’élèves au collège chaque année…

L’école samedi matin (suite)

02-10-2007 par Horacio Gonzalez

Je rédige ce poste en réponse au commentaire de FMP thE mAd sur mon billet sur l’école le samedi matin.

LiB et l'école

Cher FMP thE mAd,

D’abord, je suis ravi de voir que vous avez fait le détour et vous êtes venu poster votre commentaire ici. Après nos croisement de commentaires sur l’excellent blog d’Everland, j’avais envie de continuer le débat, quitte à qu’à la fin on soit d’accord en être en désaccord (hmm, ça sonne pas trop français, ma traduction littérale du agree to disagree anglais).

Je ne suis pas d’accord avec votre critique sur que je me base sur mon expérience personnelle pour tirer une règle absoute. Un blog, par définition, est quelque chose de personnelle, c’est un journal à la base. Mais dans ce cas concret, ce que je cherchais est à illustrer avec mon expérience personnelle une situation qui est assez commun dans ce début du XXIème siècle.

Il n’y a pas, à ma connaissance, des statistiques des divorces en France. En faisant une recherche rapide sur le net, la chose la plus semblable à des statistiques sérieuses que j’ai trouvé est la page de l’INSEE sur la famille et la situation matrimoniale. Concrètement, sur la page du nombre de mariages et de divorces. Prenons comme échantillon la période entre 2000 et 2005.

Nombre de mariages Nombre de divorces Taux de divorces
2000-2005 1 689 128 751 027 44%

Selon ça, le nombre de divorces prononcés chaque an ces dernières années est presque la moitié du nombre de mariages.

Je suis prêt à parier donc que le nombre de familles aux parents séparés ou divorcés, ou des familles recomposées, est assez significatif. Et pour la plupart de ces familles, la gestion du mode de garde a une importante capitale. Etant donné que le samedi matin travaillé a une influence importante dans ce gestion du mode de garde, je crois que mon “expérience personnelle” illustre bien un problème qui est là et qui affecte à des centaines de milliers de familles en France.

De l’autre côté, lorsque je parle de la semaine de cinq jours, j’utilise mon expérience personnelle pour illustrer celle de millions d’enfants dans des dizaines de pays ou la semaine scolaire est calqué sur la semaine ouvrable des adultes. Ces sont pourtant des pays développés, soucieux du bienêtre de l’enfant, et où les enfants se portent aussi bien qu’en France et les résultats scolaires sont au moins équivalents. Les experts ont leur mot à dire, bien sûr, mais lorsque je doute de ces résultats, je ne me base que dans mon “expérience personnelle”, mais dans ces données massives des pays qui entourent la France. Alors soit les experts français sont les seuls qui ont raison par définition et les experts des autres pays se trompent, soit l’avis de ces chronoexperts est sujet à critique. Surtout car on n’a même pas un consensus parmi les experts.

En tout cas, j’espère avoir mieux expliqué ma position et le rôle de mes “expériences personnelles” dans mon argumentation.

Sur la question des formes de cette mesure, je suis à l’attente des explications concrètes sur la mesure, car moi aussi je trouve assez floues les déclarations de M. Darcos. Autant je suis 100% d’accord avec le fond autant je voudrais des précisions sur la forme.

L’école samedi matin

30-09-2007 par Horacio Gonzalez

Il semblerait que l’annonce du ministre de l’Education Xavier Darcos sur la suppression des heures de cours du samedi dans les écoles a fait courir des rivières d’encre (ou plutôt de bytes) sur internet. Le débat ne m’intéresse pas trop, car j’ai une opinion assez tranché sur le sujet, et je trouve la plupart d’arguments (autant d’un camp que de l’autre) assez peu convaincants et assez politisés. Cela m’a au moins permit de découvrir, entre autres choses, l’existence de professions aux noms exotiques tels que chronobiologiste ou chronopsychologes, alors ce n’est pas du temps perdu pour moi.

LiB et l'école

Moi je suis espagnol, et en Espagne le samedi matin il n’y a pas école. En fait, en Espagne les enfants ont le même rythme journalier que leur parents, ils ont école du lundi au vendredi. C’est simple, c’est plus facile pour les parents, et ça permet aux familles d’avoir leur temps de repos ensembles.

En arrivant en France, j’ai découvert avec surprise la semaine scolaire à la française, les mercredis libérés et les samedis travaillés. A l”époque ça ne me dérangeait pas, car je n’avais pas d’enfant. Mais des que je me suis retrouvé dans la position de père j’ai détesté cette organisation et j’ai profondément regretté le rythme espagnol.

Pour vous mettre en situation, je suis divorcé, ma fille habite avec moi, et sa mère habite à Lorient, à 150 km de chez moi. Je travaille, avec une horaire normal de lundi à vendredi. D’abord il y a les mercredis, journée que selon ces chonobiologistes, chonopsycologues y autres chronospécialistes sert au repos des enfants. Sauf que ma fille elle se repose pas, car je suis bien obligé de la réveiller à 7h30 et la déposer dans un Centre Aéré de la Mairie, et la recuperer vers 18h, aussi crevée qu’un jour d’école normale, ou même plus…

Oh oui, pour ces enfants dont parents qui peuvent se permettre de se mettre à temps partiel, ou qui ont la chance d’avoir des grands parents à côté, pour eux le mercredi est peut-être une journée de repos. Mais pour tous ceux dont les parents, comme moi, ne peuvent pas libérer les mercredis et dont les grands parents ne peuvent pas les prendre en charge, le mercredi devient une journée comme les autres, où il faut se lever, ou il faut sortir, ou il faut avoir un rythme soutenu.

Ensuite il y a le casse tête du weekend. Ma fille a envie de voir sa mère. Lorsqu’elle était en maternelle, on s’arrangeait pour qu’elle puisse être avec sa maman du vendredi soir au dimanche soir, ça lui faisait deux journées par semaine avec sa mère, c’est pas trop, je pense. L’année dernière, en cours d’année, ma fille est passé de maternelle à CP, et une des premières choses que la nouvelle instit m’a dit, d’un tone grave, c’était :

Monsieur, il faudra changer votre organisation, car l’école le samedi matin est maintenant obligatoire pour votre fille, pas question qu’elle rate une journée d’école pour aller voir sa mère.

Déjà je trouve dur de devoir réveiller ma fille le samedi matin, lorsqu’elle est fatiguée après la longue semaine d’école et centre aéré, mais cela grâce à ces trois heures de cours du samedi matin ma fille perd passe à peine une journée par semaine avec sa maman. Je la récupère à la sortie de l’école samedi midi, un repas rapide et en vitesse dans la voiture, cap vers le sud. Une heure et demie plus tard déjà samedi après-midi, une petite fille épuisée retrouve sa mère. Et à peine 24 heures après, chemin de retour, car le lendemain une nouvelle semaine de école et centre aéré démarre.

Je me demande combien de ces chronoprofessionnels ont des enfants, et combien d’entre eux font partie des familles non traditionnelles (parents séparés ou divorcés, familles recomposées). Je suis prêt à parier que pas beaucoup, car c’est bien beau de parler du rythme biologique de l’enfant d’une façon théorique lorsqu’on n’est pas vraiment concerné par le problème et lorsqu’on voit des enfants seulement dans leur côté apprenant.

Que diraient ces chronopersonnes s’ils savaient que la France c’est un des rares pays au monde où on a ce type de rythme ? Vont il avoir le culot de me dire qu’en Espagne, avec la semaine de lundi au vendredi, les enfants se portent moins bien qu’ici ? Qu’ils apprennent moins ? Que le rythme chronomachin des petits espagnols est altéré ? Car j’ai grandi là bas, j’ai suivi ce rythme, j’ai vécu ça toute ma vie et je peux témoigner que ces argument sont faux. Mais c’est quoi ce témoignage comparé avec un étude analytico-statistique d’une chronoexpert ?

Je ne suis ni pro-Sarko ni anti-Sarko, déjà car je ne peux pas voter. C’est peut-être pour ça que les arguments politiques me fatiguent, et les débats partisans me dégouttent. Pour moi l’important est comme les décisions des politiciens vont affecter la vie des gens, sans souci si ces politiciens sont d’une couleur ou d’une autre. Et je trouve que cette décision de M. Darcos est une des meilleures qu’on puisse prendre. Ca fait plaisir que pour une fois les décisions soient basés sur le bon sens…

P.S. : Il semblerait que je ne suis pas le seul à penser comme ça, comme je découvre avec plaisir dans l’excellent Samedi sans école 🙂

Grève des écoles, la suite

12-02-2007 par Horacio Gonzalez

Partons de la base que je suis espagnol, et même après quelques années ici, je n’ai pas le même background que vous, peut-être ça explique mon étonnement face à certains particularités culturelles françaises dont la grève fait partie 😉

L.i.B. faché

Moi je comprends bien les raisons de la grève, et je sais bien aussi que le métier d’enseignant n’est pas facile et moins encore dans les conditions actuelles.

Je sais que, sur le temps de travail, c’est cynique et injuste de dire que les enseignants ne travaillent pas assez d’heures. J’ai passé une année comme ATER1 à la fac, je sais bien que lorsqu’on a une heure de cours à donner on doit passer au moins une heure à la maison en préparant ce cour, sans compter les corrections d’exercices et autres…

Je connais les problèmes de moyens, je connais les postes qui disparaissent, je sais qu’il y a des vraies raisons pour le malaise des enseignants. Et je sais bien que s’ils se plaignent c’est aussi le bien-être de nos enfants, pour réclamer des meilleures conditions pour leur éducation.

Mais, et ce n’est que mon avis, en faisant une grève comme celle de jeudi dernière, et fermant les écoles, ils n’ont pas mis la pression sur le gouvernement, ils l’ont mis sur les parents. Moi, par exemple, j’ai été obligé à prendre une journée de congé pour garder ma fille, donc je ne peux pas m’empêcher de sentir qu’on m’a pris en otage.

Deux choses m’ont surtout choqué odans cette grève : le manque d’information et la date choisi.

Le manque d’information. Dans l’école de ma fille, toute l’information que j’ai eu est un petit A5 disant que le jeudi 8 l’école est fermé pour cause de grève. Pas un tracte, pas un papier informatif, pas une instit qui m’explique pourquoi elle fait grève. Autant dire que si la grève cherchait à que qui que ce soit prend conscience d’un problème, c’est raté dans l’école de ma fille… Et comme les média n’ont pas trop parlé de la racine du problème, c’est pas gagné à niveau grand public non plus.

Et la data… purée! Un jour avant les vacances… Ca semble du foutage de gueule, non? (je n’ai pas dire que c’est du foutage de gueule, mais que cela peut le sembler) A mon avis c’est une date sacrement mal choisie…

J’ai des bons amis qui sont enseignants, j’étais donc plus ou moins au courant des raisons, du pourquoi et le comment. Ce qui me gène, c’est le manque d’information par les canaux officielles (i.e. l’école de ma fille, qui se limite à me dire qu’ils seront fermés). Et en faisant un petit enquête dans mon entourage, l’école de ma fille est loin d’être une exception…

A mon avis, si les enseignants font une grève c’est aussi pour que le public soit conscient du problème. Sinon, ça sert à rien (sauf à faire de la pression en prenant les parents comme otages).

Que les média n’expliquent pas les raisons, c’est déjà mal. Que les enseignants eux mêmes ne les expliquent pas, là c’est grave.

Voilà quoi…

P.S. : Bien sûr, ce n’est que mon avis, et j’encourage vivement toute discussion sur le sujet dans les commentaires.

1 : ATER : Attaché temporaire d’enseignement et de recherche. La dernière année de mon doctorat j’ai donc donné des cours et participé à la recherche, dans l’IUP Informatique du Mans.

Grève des écoles

08-02-2007 par Horacio Gonzalez