Billets avec l'étiquette ‘DRM’

Les Monty Python ont compris

24-11-2008 par Horacio Gonzalez

La semaine dernière les survivants des Monty Python ont annoncé la création d’un canal YouTube dédié à la diffusion d’extraits de leurs œuvres.

La vidéo qui annonce la création du canal est un vrai bijou dans le plus pur style Monty Python :

J’adore comme ils expliquent leur démarche avec cet humour caractéristique qui les a rendu célèbres :

Depuis trois ans, vous les YouTubers nous arnaquez, en mettant des dizaines de milliers de nos vidéos sur YouTube. L’heure est venue que nous prenions les choses en main.

Nous savons qui vous êtes, nous savons où vous habitez, nous pourrions vous poursuivre avec des moyens d’une horreur indicible. Mais étant les types exceptionnellement gentils que nous sommes, nous avons trouvé un meilleur moyen de reprendre ce qui nous revient : nous avons lancé notre propre canal Monty Python sur YouTube.”

C’est fini les vidéos d’une qualité merdique que vous avez posté. Nous vous donnons le matériel authentique, des vidéos en haute qualité sorties directement de nos réserves. En plus, nous allons prendre nos vidéos les plus vus sur YouTube et nous allons mettre des nouvelles versions en haute qualité. Et encore plus, nous vous laissons regarder tout ça d’une façon complètement gratuite.

Mais nous demandons quelque chose en échange. Pas de commentaires décérébrés. A leur place, nous voulons que vous cliquez sur les liens et que vous achetez nous films et séries télé pour apaiser notre douleur et dégoût d’avoir été arnaqués tous ces années.

LostInBrittany

Bref, les Monty Python ont compris qu’ils ont beaucoup plus à gagner en collaborant avec leurs fans qu’en essayant de les poursuivre, et ils se sont prêtés au jeu, un jeu gagnant-gagnant. Pour moi, il y a trois leçons fondamentales à tirer de cette affaire, et des autres mouvements semblables chez d’autres artistes :

  • On ne peut pas empêcher la diffusion des contenus sur internet. Même avec toutes les mesures légales et technologiques qu’on puisse mettre en place, les gens vont continuer à diffuser le matériel sur le net. Alors, mieux que de s’embarquer dans une bataille perdue d’avance, qu’en plus ls coûterait d’être très mal vus par leurs fans, les Monty Python préfèrent chercher comment ils peuvent tirer des bénéfices de la situation.
  • Les fans ont de la valeur. Ces fans sont des gens capables de passer des heures et des heures à sélectionner, traiter, mettre en ligne et diffuser des vidéos, tout ça de façon gratuite, poussés par son amour pour le travail des auteurs. Vous vous rendez compte de combien de marques souhaiteraient ce type de fidélité ? De combien les experts en marketing donneraient pour réussir à que le public s’investisse comme ça sur un produit ? Ce type de fans, on pourrait les punir (après tou, ce qu’ils font est techniquement illégal), mais c’est beaucoup plus intelligent de les remercier, de collaborer avec eux et de pouvoir tirer un bénéfice.
  • Sur internet les gens n’aiment pas payer pour avoir un contenu. Par contre, les fans continuent à vouloir acheter les DVDs, le support physique, même s’ils ont vu la vidéo sur le net des dizaines de fois. Alors, mieux que de demander de payer pour regarder leurs vidéos, les Monty Python ont joué la carte réaliste : offrir les vidéos gratuitement et proposer en même temps l’achat des support physique, en sachant qu’une petite partie des gens qui visionneront les vidéos voudra ensuite acheter les DVDs. Et même si ce n’est qu’un petit pourcentage, avec des millions de visiteurs ça peut vite devenir rentable.

Je pense que ce type de démarches deviendront de plus en plus normales, lorsque les artistes comprendront enfin qu’il y a beaucoup plus à gagner en essayant de trouver un bénéfice dans le nouveau paradigme qu’en essayant de lutter des batailles qui sont perdues d’avance.

Le jeu de Bender

01-11-2008 par Horacio Gonzalez

La semaine prochaine il sortira aux Etats-Unis le nouveau film en DVD de Futurama, Bender’s Game. Il n’y a pas encore de date prevu pour la sortie de la version française, et vu ce qui s’est passé avec les deux derniers films,on n’aura pas le droit de profiter du Jeu de Bender au moins jusqu’à début 2009.

Bender's Game DVD

Image non CC

L’histoire a tout pour plaire au geek rôliste que je suis, l’équipe de Planet Express se retrouve plongée dans un univers du type Dungeons & Dragons. L’argument, selon la plupart des reviews, prend des morceaux du Seigneur des Anneaux, Dungeons & Dragons, Word of Warcraft et même des références à Star Wars et LEGO dans un film qui selon toutes les critiques arrive à mélanger ces ingrédients de façon cohérente et à rester fidèle à l’esprit de Futurama.

Si vous craignez pas les spoilers, vous pouvez lire un bon review (en anglais) sur Screen Jabber, avec en bonus quelques images du film, qui à mon avis donnent bien envie de le regarder au plus vite.

Mais si je vous parle aujourd’hui de Bender’s Game c’est aussi à cause d’un des bonus du DVD, une parodie de l’annonce anti-piratage qu’on doit subir lorsqu’on veut regarder la plupart des DVDs recents.

Parmi le reste des bonus du DVD (car le DVD est plein de bonus croustillants, comme c’était le cas pour les DVDs précédents), il y a aussi D&D&F, dans lequel les créateurs de Futurama discutent sur l’influence de Dungeons & Dragons dans la série.

LiB Zombi Chef

Brève note culinaire

Je continue à étudier pour ma SCJP, j’ai passé une bonne partie de ma journée devant mon bouquin. Mais maintenant c’est fini, j’ai un dîner à préparer, avec un plat principal aux consonances exotiques : poulet au chocolat.

Oui, vous avez bien lu et je ne suis pas fou, du poulet au chocolat. C’est une recette traditionnelle mexicaine, pollo con mole poblano que j’ai appris d’un collègue mexicain il y a quelques années. Ca fait un moment que je ne la prépare pas, si je le réussis je posterai demain la recette, afin d’ajouter un tag Cuisine au joli méli-mélo des catégories de mon blog…

XKCD explique l’échec des DRM

14-10-2008 par Horacio Gonzalez
WTF ?

Ce n’est un secret pour personne que je considère les DRM comme un outil inutile qui ne porte préjudice qu’aux utilisateurs légitimes.

Que ce soit avec des clips anti-piratage qu’on est obligé de regarder avant le film ou avec des fichiers qui deviennent inutiles lorsque il y a un changement de plate-forme ou de politique commerciale, les seuls laissés pour compte sont ceux qui on acheté légalement les œuvres.

Ceux qui ont la version pirate ne sont pas embêtés par les DRM, ils sont les seuls qui profitent pleinement de l’œuvre sans restrictions, juste au contraire de ce qui les DRM seraient censés de faire.

Je pourrais continuer pendant longtemps à donner des arguments contre ces DRM qui ne font que pénaliser les personnes qui dépensent leur argent dans les média que ces DRM sont censés protéger, mais je trouve que la dernière planche de XKCD le fait beaucoup mieux que moi :


Planche originale par XKCD, sous licence Creative Commons
Les erreur de traduction sont tous à moi

Je profite de l’occasion pour rappeler ma position face aux DRM, car je ne veut pas être malinterprété. Je respecte les droits d’auteur et je ne soutiens pas le piratage (d’ailleurs cela est une des raisons pour lesquelles j’utilise presque exclusivement des logiciels libres, en toute légalité). Les DRM tels qu’ils sont employés aujourd’hui ne servent pas à lutter contre le piratage (car ils sont systématiquement craqués), mais seulement à mettre des barrières à l’utilisateur final qui lui empêchent de faire une utilisation complètement légitime et légale des films et de la musique qu’il a légitimement acquis.

Pour approfondir dans le sujet des DRM, je vous recommande encore une fois de faire une balade par le site Stop DRM, avec plein d’information intéressant (malgré le manque d’actualisations ces derniers mois…).

P.S. : Je viens de me rendre compte que je n’avais jamais encore posté un billet sur XKCD, et pourtant c’est l’un des premiers webcomics que j’ai lu. Intelligent et irrévérant, XKCD se définit comme A webcomic of romance, sarcasm, math, and language, de quoi plaire bien à tout geek. Si vous ne la connaissez pas, n’hésitez pas à aller voir, vous y deviendrez accros…

De la débilité du clip anti-piratage

28-07-2008 par Horacio Gonzalez
WTF ?

Ce billet est un coup de gueule, car trop c’est trop.

J’ai les coffrets DVD des deux premières saisons de Dr Who, l’une de mes séries favorites. J’aurais pu télécharger la série, ça aurait été plus simple et beaucoup moins cher que les acheter, mais aimant vraiment la série, j’ai préféré acheter les coffrets.

L’autre soir je voulais regarder quelques épisodes des deux premières saisons de Dr Who, me faire mon petit best of. Et bien sûr, les quatre épisodes choisis étaient en quatre DVDs différents.

Lorsque j’ai mis le quatrième DVD et j’ai du regarder par quatrième fois la propagande anti-piraterie, j’ai cru que j’allais tout balancer par la fenêtre.

Je parle, bien sûr, de cet avertissement du début des DVD, Le piratage, c’est du vol, celui qui compare le piratage avec le vol à l’étalage ou le cambriolage, celui que on est obligé de regarder parce que les touches de la télécommande restent bloquées pendant qu’il tourne.

En plus d’être énervant, je trouve ce vidéo carrément offensif vers les gens qui achètent légalement ses DVDs. C’est presque une incitation au piratage.

Je m’explique… Si j’achète légalement un coffret DVD à 45€ de ma série favorite, à chaque fois que je veux regarder un épisode, je dois supporter une minute de clip obligatoire qui me rappelle que pirater c’est mal. Par contre, si j’avais été intelligent, j’aurais téléchargé la série sur le net, ça m’aurait coûté 0€ et je n’aurais pas à supporter l’avertissement.

J’ai trouvé sur Flickr un affiche qui résume bien mon sentiment :

On revient à ce que j’ai déjà dit d’autres fois, la lutte contre le piratage, telle que elle est comprise par les majors du cinéma et de la musique, penalise les utilisateurs légitimes sans vraiment gêner le pirates.

Que ce soit avec des DRM trop restrictifs ou avec des clips anti-piratage, cette façon de lutter contre le piratage ne nuit pas les pirates ni le piratage, mais l’utilisateur légitime.

Les pirates, ils s’en foutent, ils ont les logiciels pour casser les DRM, et ils effacent les clips anti-piratages du montage final. Et les personnes qui regardent les films piratés, ils s’en foutent aussi, car leurs copies n’ont ni DRM ni clips débiles. Par contre, l’acheteur légitime, il va devoir supporter les nuisances des DRM, qui limitent la façon comme il peut profiter du bien qu’il a acheté, et les messages qui lui racontent que pirater ce n’est pas bien. C’est logique, non ?

BluRay et le fiasco des DRM

21-03-2008 par Horacio Gonzalez
09-F9-11-02-9D-74-E3-5B-D8-41-56-C5-63-56-88-C0

Vous vous souvenez peut-être lorsqu’il en juin dernier je vous parlais de la chaîne de caractères 09-F9-11-02-9D-74-E3-5B-D8-41-56-C5-63-56-88-C0, qui permettait le décryptage des HD DVD, et de comment les majors du cinéma prometaient de faire censurer tous les sites qui en parlaient. Aujourd’hui, quelques mois après, une simple recherche Google nous ramène plus de 200 000 sites qui expliquent la signification de ces caractères hexadécimales. Joli constat d’échec pour ces censeurs en herbe…

09-F9-11-02-9D-74-E3-5B-D8-41-56-C5-63-56-88-C0 dans Google

Le paragraphe précédente pourrait servir d’introduction à un autre billet, que j’ai envie de faire des le début de la semaine, et que je n’ai pas trouve le temps de rédiger avec sérénité. Un billet qui parlerait du rôle d’internet dans la diffusion d’information et de comment vouloir effacer une information du net en utilisant l’intimidation va servir surtout à que cette information se propage de plus en plus. Oui, vous avez peut-être compris, je voulais parler de l’affaire Fuzz, car moi non plus, j’aime pas Olivier Martinez. Et je ne suis pas le seul, comme les plus de 10 000 résultats donnés par Google le montrent.

Mais je ne vais pas parler de Olivier Martinez, qui pour moi est un acteur de deuxième rang dont la filmographie est plutôt mauvaise, ni de comment grâce à sa façon maladroite de gérer la crise, il réussi à faire que toute la blogosphère parle de lui. Je laisse ça pour un autre billet. Je vais vous parler à nouveau des DRM et d’une suite très attendu de l’affaire du décryptages des HD DVDs.

Lors de l’affaire 09-f9-11-02-9d-74-e3-5b-d8-41-56-c5-63-56-88-c0, la BluRay Disc Association, le conglomérat d’entreprises derrière le format BluRay, ont voulu profiter de la situation pour marquer des points dans la guerre des formats HD qui les opposait au HD DVD Promotion Group.

Ils ont donc bombé le torse et en juillet 2007 ils ont déclaré, par la bouche d’un très convaincu mais pas trop convaincant Richard Doherty :

“BD+, unlike AACS which suffered a partial hack last year, won’t likely be breached for 10 years”

BD+ est la technologie de DRM utilisé dans les disques BluRay, et les créateurs de BluRay étaient donc convaincus de son inviolabilité. Aujourd’hui, la réalité les a montré qu’ils se trompaient, les 10 années sont devenues à peine huit mois.

Hier la compagnie de software SlySoft a annoncé dans une note de presse que la nouvelle version de leur logiciel AnyDVD permet de faire des copies de sauvegarde des disques BluRay.

“Richard Doherty of the Envisioneering Group will have to revise his statement from July, 2007 regarding BD+: “BD+, unlike AACS which suffered a partial hack last year, won’t likely be breached for 10 years”. It is worth mentioning that since he made that statement only eight months have gone by (…) Admittedly, we are not really so fast with this because actually we had intended to publish this release already in December as promised. However, it was decided for strategic reasons to wait a bit for the outcome of the “format war” between HD DVD and Blu-ray.”

Comme quoi, encore une fois, les DRM montrent leur échec…

Je profite de l’occasion pour rappeler ma position face aux DRM, car je ne veut pas être malinterprété. Je respecte les droits d’auteur et je ne soutiens pas le piratage (d’ailleurs cela est une des raisons pour lesquelles j’utilise presque exclusivement des logiciels libres, en toute légalité). Les DRM tels qu’ils sont employés aujourd’hui ne servent pas à lutter contre le piratage (car ils sont systématiquement craqués), mais seulement à mettre des barrières à l’utilisateur final qui lui empêchent de faire une utilisation complètement légitime et légale des films et de la musique qu’il a légitimement acquis.

Cette fois je n’ai pas une seule source, sinon plusieurs : Slashdot, Boing Boing et le toujours excellent Enrique Dans

Pourquoi la DRM est un piège à éviter ? Le cas Google Video Store

16-08-2007 par Horacio Gonzalez

Je reviens à la charge sur un sujet sur lequel j’ai déjà parlé plusieurs fois (certains diraient “déblatéré beaucoup trop” 😉 ) : les DRM (ou la GND, Gestion Numérique des Droits, en bon français).

Lorsque vous achetez en ligne un contenu soumis à la GND (par exemple un vidéo sur iTunes, ou une chanson sur Zune Store), vous téléchargez dans votre ordinateur un fichier que vous ne pouvez pas utiliser quand et comment vous voulez. En effet, pour pouvoir profiter du contenu du fichier (regarder la vidéo, ou écouter la chanson), votre machine doit d’abord contacter le serveur du vendeur pour recevoir l’autorisation. Pas trop grave, vous pouvez vous dire, puisque vous êtes l’acheteur légitime et votre maneouvre va être autorisée sans problème. Pas trop grave… sauf quand cela le devient.

Aujourd’hui je vais vous raconter une histoire vraie qui montre pourquoi la GND est un piège à éviter pour l’acquéreur légitime des contenus. Le protagoniste de l’histoire est une compagnie qui j’apprécie particulièrement : Google, mais qui cette fois a le mauvais rôle.

Il n’y a pas si longtemps, Google ouvrait un site de vidéo en ligne, Google Vidéo. Là bas on pouvait trouver des vidéos gratuits, comme ceux trouvés YouTube ou Dailymotion, mais aussi des contenus payantes, pour lesquels les utilisateurs devaient débourser une quantité entre 2 et 20 dollars pour le droit de les regarder sans aucune limitation.

Une fois le contenu payé, l’utilisateur avait donc le droit de retourner sur Google Video et revoir le video autant de fois qu’il voulait. La vidéo restait dans le site de Google, l’utilisateur ne pouvait donc pas frauder en copiant la vidéo à un ami, mais il pouvait profiter pleinement de ce qu’il avait acheté. Ca semble un bon système, non ? Ben non, vous verrez rapidement pourquoi.

Tout se passait bien, jusqu’à il y a quelques mois, lorsque Google a acheté le leader de la vidéo en ligne, YouTube. Google se retrouvait donc avec deux services de vidéo en ligne qui partageaient un bon nombre de contenus, ce qui n’est pas commercialement très rentable. Et ils ont décidé de faire la seule maneouvre logique, supprimer le moins fort des deux services : Google Video.

Sauf qu’en supprimant Google Video, le site ne sera plus accessible et il sera donc impossible de regarder les vidéos y achetées. Pas de solution alternative, le contenu ne sera plus accessible.

Logiquement, des que la nouvelle est apparu, des centaines de clients se sont plaint à Google, avec le sentiment de s’être faits arnaquer. Et la réponse de Google a été aussi mitigée que décevante, ils proposent de rembourser leurs clients sous la forme de crédit de Google Checkout, leur service de payement en ligne. Pour information, Google Checkuot est un service de payement en ligne minoritaire, il n’est accepté que par une minorité de sites de commerce en ligne, car le marché est dominé par Paypal.

En clair, si ce n’est pas une arnaque, ça lui ressemble beaucoup. Mais c’est légal, car l’utilisateur n’achète pas un bien, un objet, il achète un service. Et les services ont des conditions de finalisation. C’est le piège de la GND.

Pour approfondir dans le sujet des DRM, je vous recommander de faire une balade par le site Stop DRM, avec plein d’information intéressant (malgré le manque d’actualisations ces derniers mois…).

Information sur la fermeture de Google Video trouvé chez Versvs et Error 500.

Evolutions dans le marché de la musique (I) : DRM vs imagination

07-06-2007 par Horacio Gonzalez

Il est indéniable que la façon de consommer des contenus multimédia a beaucoup évolué ces dernières années. Une évolution liée à la technologie : là où avant il n’y avait que des chaînes hi-fi pour les CDs et des baladeurs et auto-radios pour les cassettes, on a aujourd’hui des ordinateurs, des lecteurs MP3, des iPods, des autoradios avec prise USB, des chaînes hi-fi avec borne wifi pour se connecter à l’ordinateur… Mais surtout une évolution liée à un changement de mentalité, le public est de moins en moins prêt à dépenser de l’argent pour des CDs qui deviennent de plus en plus chers (une vingtaine d’euros en moyenne pour une nouveauté, ça fait cher) et qui offre de moins en moins de valeur perçue (mais je parlerai de cela dans un prochain billet).

Face à ce constat, il y a deux positions. L’une, la position dominante jusqu’à il n’y a pas si longtemps dans les majors du disque : jeter la faute sur le piratage, internet et les nouvelles technologies, et essayer de contrôler l’utilisation qu’on fait de leurs produits en les chargeant de mesures de protection qui empêchent toute utilisation non conforme aux attentes des producteurs : les DRM (dont j’ai pas mal parlé ces derniers temps).

C’est une stratégie vouée à l’échec, dans une situation de marché on ne peut pas se permettre de brider la liberté des acheteurs pour utiliser le contenu pour lesquels ils ont payé, de les insulter (les messages anti-piratage dans les CD ou les pubs forcés au début de la reproduction des DVDs deviennent de plus en plus agressifs, sans parler des appels à la délation dans la salle de cinéma) et en plus se plaindre si les gens achètent moins. On ne peut pas prétendre vendre deux fois la même chanson, une en CD classique pour la chaîne hi-fi et une en WMF pour le baladeur portable. On ne peut plus vouloir vendre un CD avec 13 chansons lorsque le client est seulement intéressé dans deux d’entre elles. Dans une situation de libre marché, ce n’est pas le vendeur qui a le contrôle, c’est le marché. Et le marché, les clients, nous tous, on accepte de moins en moins ces pratiques abusives.

Heureusement il y a certains personnes qui commencent à voir plus loin, qui commencent à envisager des nouveaux modes de distribuer la musique et faire de l’argent en respectant les droits et les envies des acheteurs. Je ne vais pas parler de l’accord EMI – Apple pour vendre sur iTunes de la musique sans DRM, car malgré son importance, plein de monde en a déjà parlé. Je préfère me centrer sur des exemples moins médiatisés mais aussi plus originaux, afin de vous donner un aperçu des modèles de distribution qui pourraient devenir courants dans quelque temps.

Le premier exemple est la dernière tourné de Prince, Earth Tour 2007. Finis les macro-concerts dans des gros stades, la tournée se déroule dans des salles moyennes et petites, dans un cadre intimiste et exclusif, et avec les entrées on donne le dernier CD de l’artiste. Le CD devient un objet fétichiste, un souvenir d’un moment inoubliable, comme avant l’entrée du concert ou l’affiche autographié. Le morceau de plastique qui pour la plupart d’entre nous ne sert plus qu’à être mis dans l’ordinateur pour extraire les chansons et qui après reste des années au fond d’un tiroir devient un objet de culte, un souvenir sonore. En combinant tout ça avec des produits dérivés de toutes sortes, des accords avec des fournisseurs de téléphonie mobile, et une stratégie marketing qui déborde d’originalité, Prince montre qu’on peut gagner de l’argent avec la musique d’une façon différente tout en respectant au public. Pas mal, non?

Il y a deux autres exemples dont je voulais parler, mais ce billet devient déjà assez long, je vais laisser donc ça pour un autre jour.

Note : ce billet a été inspiré par des articles dans les blogs d’Enrique Dans (C’est dans un de ces articles que j’ai appris l’initiative de Prince) et de David Bravo. Si vous comprenez l’espagnol, je vous recommande chaleureusement de les ajouter à votre agrégateur de RSS.

DRM, piratage et délation

05-06-2007 par Horacio Gonzalez

Suite à mes billets sur la clé de cryptage des DVD-HR, j’ai reçu plusieurs commentaires offline, qui me font penser que c’est une bonne idée de préciser encore une fois ma position face aux DRM et au piratage.

L.i.B. pirate? Non

Je ne fais pas l’apologie du piratage, loin de ça. Ma position contre les DRM est celle d’un client qui achète des contenus légalement multimédia. Les DRM m’empêchent, par exemple, de pouvoir regarder des DVD-HR sur mon ordinateur (car je suis un utilisateur de Linux), de pouvoir écouter dans mon autoradio CD MP3 des chansons achetés en ligne ou de faire des copies de sauvegarde des CDs de musique de ma fille avant qu’ils finissent avec plein de rayures et des empreintes de doigts en Nutella. SI je paie pour une chanson, je veut pouvoir l’écouter comme et où je veux, je refuse de devoir acheter la même chanson deux fois, une pour ma chaîne hi-fi qui ne lis que les CDs audio et une autre pour mon baladeur MP3, qui ne lis des CDs.

Les DRM ne gênent pas les vrais pirates, ceux qui piratent pour l’argent, car ils ont assez de moyens pour contourner les mesures anti-copies soit de façon technique soit en se procurant des copies non protégées. Etre contre les DRM ne veut pas dire être pour le piratage. Plutôt au contraire. Si je pouvais acheter légalement en ligne les chansons que je veux, et les copier pour les écouter là où je veux, j’acheterai beaucoup plus de musique que je ne fais aujourd’hui. Et je sais que je ne suis pas le seul. Être contre les DRM veut dire être pour la liberté des acheteurs légitimes à profiter pleinement de leur achat.

Dans le même ordre de choses, je déteste devoir supporter des minutes de publicité anti-piratage avant de pouvoir regarder un DVD. Même si c’est la dixième fois que je regarde le DVD, on doit supporter le foutu message, car les DRM forcent que le lecteur DVD ne répond pas aux requêtes de la télécommande pendant que le message insulte à l’acheteur légal du DVD.

Mais le comble de ces messages c’était l’autre jour au cinéma, c’était carrément trop. Un message avant le film faisait un appel à la délation, un appel à signaler s’il y avait des gens qui faisait des photos ou des prises de vue. Me faire traiter de pirate, ou me faire inviter à collaborer lorsque j’ai payé plus de 8 euros pour ma place, j’ai trouvé ça estomaquant. Pas vous?

Retour sur 45 5F E1 04 22 CA 29 C4 93 3F 95 05 2B 79 2A B2

04-06-2007 par Horacio Gonzalez

Un billet rapide pour faire l’état de lieu de la dernière (par l’instant) clé de cryptage des DVD-HR.

09 F9 11 02 9D 74 E3 5B D8 41 56 C5 63 56 88 C0

Le jeudi 31 mai, lorsque j’écrivais le billet, Google ne recensait que 400 sites qui parlaient de cette nouvelle clé. Le lendemain, Cédric nous apprenait dans son commentaire que la recherche Google retournait déjà plus de 14 000 résultats. Aujourd’hui, au moment où j’écris ces lignes, la dîte reqûete retourne plus de 56 000 réponses. Et vous savez laquelle est la première ? :

LostInBrittany est la première réponse!

45 5F E1 04 22 CA 29 C4 93 3F 95 05 2B 79 2A B2

31-05-2007 par Horacio Gonzalez

Ooops, I did it again !

09 F9 11 02 9D 74 E3 5B D8 41 56 C5 63 56 88 C0

Et oui, vous vous souvenez peut-être d’un de mes billets qui portait comme titre 09 F9 11 02 9D 74 E3 5B D8 41 56 C5 63 56 88 C0, et sa suite.

Bon, d’accord, je vous résume l’histoire au cas où vous ne voulez pas aller la relire. Avec l’excuse de la lutte contre la piraterie, les DVD Haute Résolution (DVD-HR) sont bridés par les fabricants de façon que l’acheteur légitime ne puisse pas l’utiliser comme il veut, ce sont les fameux DRM (Digital Rights Management). Par exemple, l’acheteur légitime (et j’insiste sur ça, je parle d’une personne qui a dépensé ses bien mérités euros dans l’achat du DVD-HR) ne peut pas faire une copie de sauvegarde ou le regarder sur un ordinateur sur Linux (car ils ne veulent pas donner de clé de chiffrage aux projets open source de lecture de DVD pour Linux) ou le transcoder pour pouvoir le voir dans son lecteur MPEG4 de poche. 09 F9 11 02 9D 74 E3 5B D8 41 56 C5 63 56 88 C0 est des clés de chiffrage des DVD Haute Résolution. Pour pouvoir reproduire DVD-HR, tout lecteur doit posséder une des clés de chiffrage. Et avec cette clé de chiffrage et les bon logiciels, les acheteurs légitimes du DVD-HR peuvent enfin utiliser comme ils veulent (de façon légale, sans piraterie) le contenu pour lequel ils ont payé.

La clé est donc apparu sur le net, et les responsables des DRM des DVD-HR, l’AACS ont commencé à balancer des menaces en se basant sur la néfaste loi DCMA américaine. La simple publication ou divulgation de cette clé serait illégal selon l’AACS. Et au lendemain plus d’un million de sites (dont mon blog) avaient publié la clé pour montrer notre désaccord avec cette pratique abusive.

Et voici les nouveaux rebondissements dans l’affaire. L’AACS a décidé dont de révoquer cette clé. Cela veut dire que les DVD-HR vendus depuis le mois de mai ne sont pas décodables avec cette clé 09 F9 11 02 9D 74 E3 5B D8 41 56 C5 63 56 88 C0. Si l’AACS pensait que cela résoudrait le problème c’est qu’ils sont soit trop bornés pour voir la réalité en face soit complètement idiots. Car presque aussitôt l’ancienne clé révoque, une des autres clés de cryptage fait surface : 45 5F E1 04 22 CA 29 C4 93 3F 95 05 2B 79 2A B2.

Et lorsqu’ils la révoqueron, une nouvelle fera surface. Et une autre. Et une autre encore. Car, comme la Princesse Leia dit à l’Amiral Tarkin dans le Star Wars original, The more you tighten your grip, Tarkin, the more star systems will slip through your fingers. Plus l’AACS essaie de contrôler et des mettre des barrières à des usages légitimes, plus des utilisateurs se revolteront. C’est une guerre qu’ils ne peuvent plus gagner. Pour preuve, 24 heures après sa publication, la nouvelle clé est déjà sur plus de 250 000 sites, selon Google. O.K., je mérite bien la remarque du premier commentaire, j’avais mal codé ma requête Google. Pour l’instant il n’y a que quelques 400 sites qui l’affichent. Mais le reste tient, et je suis persuadé que demain il y aura beaucoup plus…