Pages jaunes ou le spam offline
07-04-2009 par Horacio GonzalezLa semaine dernière, en ouvrant ma boîte à lettres, j’y ai trouvé les deux gros volumes des Pages Jaunes et Pages Blanches, une année de plus. Sur le coup, je n’ai pas eu la présence d’esprit de le jeter dans la corbeille de recyclage avec les autres encarts publicitaires, et je l’ai monté chez moi, où il a fini dans un coin.
Chaque année je m’étonne de voir comment Pages Jaunes continue à distribuer massivement ses annuaires, fermant les yeux au fait que la plupart de ces annuaires ne seront ouverts même pas une fois. Et cette année, cet étonnement à viré en dégoût face à cette pratique abusive.
Comme pour la plupart des gens que je connais, ça fait déjà des années que les Pages Jaunes en papier ne me servent plus à rien. Si je veux un numéro de téléphone ou une adresse, mon premier réflexe est aller sur le net et le chercher, souvent sur pagesjaunes.ft d’ailleurs. L’idée de prendre les Pages Jaunes papier et d’y chercher quelque chose ne me vient même pas à l’esprit.
Et ce n’est pas que moi avec mon côté geek, c’est quelque chose de général. A l’heure où la plupart de foyers sont équipés d’internet, l’utilisation d’un annuaire papier devient aussi marginale que celle des cassettes audio ou des films en VHS.
Du gaspillage
Je ne suis pas écologiste, loin de là, mais je ne peux pas m’empêcher de trouver dégouttant le gaspillage en temps, ressources et argent qui représentent ces annuaires papier. Des milliers de tons de papier et des litres d’eau et d’encre, des tonnes de CO2 et d’autres polluants émisses par les imprimeries et par les camions qui les acheminent, des centaines d’heures de travail pour mettre en page l’annuaire département par département…
Et tout ça, pour quoi faire ? Pour rester quelques mois posés sur un meuble, encore dans leur plastique, jusqu’au jour où, les derniers scrupules vaincus, ils seront amenés à la déchetterie (dans le meilleur de cas) ou simplement jetés à la poubelle.
Ils sont forts chez Pages Jaunes, ils ont inventé le spam offline…
La meilleure analogie que je peux trouver pour cette distribution massive des Pages Jaunes papier est le spam. Comme les spammers, chez Pages Jaunes envoient des millions d’annuaires à des personnes qui ne les ont pas demandé, en encombrant leurs boîtes à lettres avec des gros volumes de papier qui ne seront jamais utilisés.
Ce qui me trottinait dans l’esprit, c’était le but de ce spam. Je ne peux pas croire que chez Pages Jaunes ils ne sont pas au courant de l’inutilité de ces annuaires papier. Et je ne peux pas croire qu’ils engagent des sommes aussi faramineuses pour quelque chose d’inutile.
Ca serait tellement plus simple de mettre en place un système opt-in et ne distribuer les Pages Jaunes papier qu’à ceux qui les demandent.Pourquoi ils ne le font pas ? La réponse est simple, je le crains bien : avec un tel système, je doute qu’ils arriveraient à distribuer même un 10% des chiffres actuelles, et cela mettrait en évidence l’inutilité de leur produit.
Alors ils vaut mieux fermer les yeux et spammer tout le monde, pour que les annonceurs (des PME, artisans et professions libérales pour la plupart) qui payent pour voir leur nom sur l’annuaire ne mettent pas en doute leur investissement.
Si j’ai raison, ça serait plutôt navrant, non ?